L.239




9 janvier 2009

Neige


(neige. / nom féminin. / singulier. / pluriel. / [nɛʒ]. / neiges. / paysage sous la neige.)



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la neige c'est. / bleu éclatant. / c'est des flocons légers. / petits flocons ensemble. / c'est ce que nous appelons neige.



l'eau congelée. / qui tombe de l'atmosphère. / quand la température descend. / on appelle ça la neige. / un beau manteau de neige. / et mon corps sous la neige. / bientôt couvert de neige. / avalé sous la neige. / ma mort une avalanche.



il neige à gros flocons. / il a neigé serré. / il a neigé cette nuit. / il a neigé de la neige. / la neige c'est blanc comme neige. / une pâleur extrême. / un linge sur la terre. / lavé plus blanc que blanc.



des fois la neige grossit. / la neige se met en boule. / la neige les nerfs en pelote. / c'est une pelote de neige. / une boule de neige en boule.



et quelquefois aussi. / quand tape le soleil. / la neige fond comme l'oiseau. / comme neige au soleil. / la neige est bouillie sale. / c'est de l'âme en bouillie. / c'est du papier mouillé. / couleur couteau rouillé.



rien n'est triste comme la neige. / des chevaux sur la neige. / sur une plaine pleine de neige. / un cheveu sur la langue. / il n'y a guère que l'enfant. / les cheveux en bataille. / pour rigoler la neige. / en batailles de neige.



la neige dans mes cheveux. / qui blanchit mes cheveux. / qui graisse mes épaules.



la neige est. / douce. / oeuf. / sucré. / rouge. / en certaines circonstances. / sortie d'une télé. / la neige fait un bruit blanc.




[texte de ma participation à l'atelier d'écriture consacré à laurent albarracin sur le wiki marelle (zone d'activités poétiques) ouvert par pierre ménard]


3 commentaires:

  1. C'est très beau. On pourrait l'entendre neiger.

    *

    Ce poète aussi est une heureuse découverte. Il est en Corrèze, n'existait pas hier dans mon souvenir, et voilà que je surfe sur ces poèmes.

    *

    La neige c'est moins triste qu'un poème de la police.


    ***

    Sans vouloir sortir mes gros sabots, tout de même je casse un talon. Après tout y a pas de hiérarchie dans la poésie, on s'y pousse pas des coudes, alors j'organise une very important and anonyme et invisible rencontre de flocons : voici d'Ana Blandiana, son

    Elegie du matin

    Au début, j'avais promis de me taire
    Mais plus tard, au matin,
    Je vous ai vus sortir avec des sacs de cendre devant les portes
    Et la répandre comme on sème le blé ;
    N'y tenant plus, j'ai crié : Que faites-vous ? Que faites-vous ?
    C'est pour vous que j'ai neigé toute la nuit sur la ville,
    C'est pour vous que j'ai blanchi chaque chose toute la nuit - ô si
    Vous pouviez comprendre comme il est difficile de neiger !
    Hier soir, à peine étiez-vous couchés, que j'ai bondi dans l'espace
    Il y faisait sombre et froid. Il me fallait
    Voler jusqu'au point unique où
    Le vide fait tournoyer les soleils et les éteint,
    Tandis que je devais palpiter encore un instant dans ce coin,
    Afin de revenir, neigeant parmi vous.
    Le moindre flocon, je l'ai surveillé, pesé, éprouvé,
    Pétri, fait briller du regard,
    Et maintenant, je tombe de sommeil et de fatigue et j'ai la fièvre.
    Je vous regarde répandre la poussière du feu mort
    Sur mon blanc travail et, souriant, je vous annonce :
    Des neiges bien plus grandes viendront après moi
    Et il neigera sur vous tout le blanc du monde.
    Essayez dès à présent de comprendre cette loi,
    Des neiges gigantesques viendront après nous,
    Et vous n'aurez pas assez de cendre.
    Et même les tout petits enfants apprendront à neiger.
    Et le blanc recouvrira vos piètres tentatives à le nier.
    Et la terre entrera dans le tourbillon des étoiles
    Comme un astre brûlant de neige.

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  2. ma chère patience,

    venez donc participer sur l'atelier !

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  3. Yves Bonnefoy a aussi évoqué la neige dans un recueil...

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pan ! pan !