L.239




11 septembre 2009

Ce qui se dit sous terre [2]



Oeil1


2. les Ka Kaxsanayaal


nous voilà donc sous terre

une chose est d'être invisible, une autre d'avoir un passé

un des bouleversements les plus flagrants est la nouvelle répartition des clans

de fait, notre société est divisée en clans

fondés sur des critères

liés à certaines associations

les clans découpent les frontières selon des critères parfois inattendus

les esprits s'assurent que chaque clan s'adonne à des activités nettement discriminées

les esprits surveillent en particulier la gestion des clans réservés aux fonctions avilissantes

les clans "marginaux" (waabal) exercent les fonctions avilissantes

on les désigne comme "minorités", terme pris dans toutes ses significations

ce sont surtout les Ka Kaxsanayaal (terme générique)

à divers titres et à divers niveaux, ce clan a un passé

pendant la guerre, nombreux sont les Ka Kaxsanayaal qui ont cherché refuge hors des frontières

on les a donc placés ici dans un enclos

que gardent les esprits comme une parcelle de terre précieuse de Tanzanie

la voix du troupeau des Ka Kaxsanayaal s’élève la nuit car ils ne peuvent en rester là

la voix du troupeau des Ka Kaxsanayaal hurle le jour et nous tient en éveil

leurs gardiens usent de cordes et de brimades à leur encontre mais ils ne se peuvent taire

il est temps leur crie-t-on d’avoir une approche plus globale des phénomènes !

les Ka Kaxsanayaal ne vouent aucune reconnaissance à l'organisation soigneuse de leur gestion

les Ka Kaxsanayaal ont la langue perpétuellement sur le feu

quand ils ont peur ils se secouent et leurs dents chutent et leurs tatouages saignent

la pulpe des beaux fruits de leurs dents désoiffe les montures des esprits qui les font éclater sous leurs sabots

lorsque toutes ses dents ont été écrasées et bues un Ka Kaxsanayaal est sellé et ferré par un esprit qui lui offre une nouvelle vie de monture

le plus dur est que les ongles se cornent assez pour se transmuer en sabots

le plus dur est de sentir toujours le poids de l'enfer sur tes reins


(à suivre)

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pan ! pan !