L.239




19 novembre 2011

Quand mourut Jonathan


Tony


"Tony se remet à écrire. Nous sommes vraisemblablement à la fin 76 quand il débute le roman. La vie qu'il décrit pour Jonathan, cette vie de reclus, est sans doute la sienne, en une version noire qui ne fait qu'anticiper sur les époques à venir. La maison est bien celle où le corps de Tony sera retrouvé trente ans après la parution du roman. Il est difficile de ne pas lire la vie de Tony comme une vie écrite, une légende projetée comme d'une lanterne magique. Dans une lettre postée de Thoré le 16 février il note à propos de sa vie difficile : mais où trouver l'argent. Moi je n'en ai toujours pas et même de moins en moins. L'Etat me néglige, la clientèle boude, les intellectuels préfèrent X, les pédés préfèrent Y, on ne sait plus à qui se vendre. J'ai un bon lit, c'est d'ailleurs tout mon mobilier. Quand je pense que, dans un an au plus tard, je serai millionnaire, cette indigence me déprime. Pourquoi nous font-ils attendre ce que de toute façon ils seront obligés de nous donner. Espèrent-ils que d'ici là on aura renoncé. J'ai laissé de côté mon éloge des mamans, Jonathan m'occupe trop. Ce travail mis à part, je ne fais rien de bon, pas même draguer. Impossible de devenir nécrophile et je ne supporte décidément plus les Français. J'espère faire un petit tour à Paris début mars. Je n'ose inviter personne en province pour l'instant faute d'argent et de meubles, mais patience. Tony."

Gilles Sebhan
Tony Duvert, L'enfant silencieux


Lecture de la page 48 de Quand mourut Jonathan, roman terrible de Duvert, chez Pierre Ménard.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

pan ! pan !