on dit d'agustina izquierdo qu'elle serait née en france à osséja, en 1939, d'une paire de martyrs espagnols qui avaient fui la dictature. on la dit chargée du fardeau de près de soixante-dix années d'exil, bien qu'au bout de quarante elle fût retournée en espagne, qu'elle se fût installée auprès du temple expiatori de la sagrada familia de Barcelone pour y faire la paix avec son sang et y écrire deux livres à base de beauté pure dans un français parfait. certaines langues noires qui s'y connaissent prétendent aussi qu'elle ne serait pas tout à fait elle-même, qu'aucun miroir ne la traverserait, que sa peau serait pleine de plusieurs âmes qu'une même main cornue lui aurait mêlées dans le corps. et l'on dit d'elle encore que quand elle marche, les tziganes rencontrées sur le passage jettent des cris, se cachent la tête dans leurs châles, ou bien lui tracent devant le visage les signes renversés du pendu. on n'est pas tellement sûr qu'elle soit toujours vivante ou morte, on pense qu'après avoir sué ses deux livres elle a beaucoup maigri puis qu'elle a dû s'étrangler dans le silence pour ne plus supporter d'avoir livré sa chair vivante par deux fois à des pourceaux. finalement, on ne sait vraiment d'elle que ces deux petits ouvrages qui nous restent, que je tiens moi pour les bréviaires qui devraient être lus dans les églises à la place des saletés en cours aux heures canoniales.
de l'amour pur, seconde des deux prières, je ne dirai rien, je ne puis même pas citer, le choix d'une ligne emporterait trop de regrets si celle-ci n'était pas toujours suivie d'une autre.
d'un souvenir indécent, je ne saurais beaucoup bavarder non plus. je veux seulement en donner le passage qui suit, où dans une bouche restée sans voix à cause de la misère du corps il est obstinément question de jésus, c'est-à-dire de nous tous :
dieu est ce qui ne cesse de tomber. il est tombé du ciel à la terre. il est tombé de l'utérus de sa mère à la paille froide d'une étable. la peau de sa queue est tombée sous le couteau qui circoncit. le rabot de menuiserie, l'âne qu'il monte, l'ignominie du supplice, le gémissement de la soif, la chair des épaules et du derrière déchirée par le fouet, la tête ensanglantée par les épines, les yeux couverts des glaires que les juifs crachent sur son visage - telles furent encore ses chutes. la tristesse de l'âme, si profonde qu'elle désire mourir, fut plus infinie et plus douloureuse que le cri que la peur lui a arraché. il a été placé dans l'obscurité du tombeau. enfin il est tombé au lieu le plus bas, dans le séjour de l'enfer, durant toute la journée du samedi obscur.
qu'est-ce que dieu ? que nous soyons nés. que nous soyons nés d'autres que nous-mêmes et à partir d'un acte où nous n'étions pas et où ces autres étaient nus. et ils étaient si dépouillés de tout et si incomplets qu'ils s'efforçaient en gesticulant de s'assembler, et si pressés par le désir, et si maladroits, qu'ils gémissaient pour y parvenir. nous sommes le fruit d'une secousse entre deux bassins dénudés et honteux qui bruissaient.
notre arbre est une secousse. et l'arbre n'est jamais seul : il est toujours dans la compagnie de son ombre. nous retenons toujours quelque chose de cette basse origine qui entoure la conscience humaine de néant, qui limite dans le temps sa naissance et qui en borne la durée. nous ne sommes jamais en gloire avec nous-mêmes.
Augustina Izquierdo n'est pas morte; elle s'appelle Pascal Quignard.
RépondreSupprimerMR
C'est ce qu'on dit, mais rien ne prouve. L'intéressé dément du reste catégoriquement.
RépondreSupprimerMais si vous avez des infos précises, je suis preneur.
Mais qui d'autre le dit?
RépondreSupprimerqui est ce "on" qui nomme aussi Augustina du nom du père de Carus?
Qui a questionné celui que l'on suppose porter jupons et détresse espagnole?
qui lui a demandé si certaines phrases dans leur rythme,la section avancée de l'au delà des mots, cette nuit d'avant la nuit et la détresse de l'amourn'avaient qu'une filiation de rémige?
http://www.lelibraire.com/dossiers/AR1001.html
RépondreSupprimerje n'avais pas vu ce qui se cachait sous les langues noires.
RépondreSupprimer"On"semble nombreux!
mais "le solitaire comme un sanglier" qui se récrie,ne me convainc pas.
ses "romans" sont romans dans leur forme mais il est dépassé par ce qui le précède et peut tout écrire.
Oui enfin si on va par là, la Recherche du temps perdu c'est peut-être lui aussi.
RépondreSupprimeril me manque un coup de fusil monsieur Bréa .
RépondreSupprimerje ne pensais pas aux grandes chasses ce soir, mais la nuit se prète à toutes lezsaudaces.
sauriez vous par hasard comment atteindre par un courrier ordinaire et timbré,celui qui se croit à l'abri caché par de vielles défenses aiguisées?
messieurs les anglais tirez les premiers!
RépondreSupprimernos épées se croisent
vous avez répondu alors que j'attendais, j'avais baissé ma garde .
Quel échange!
Anonyme va se taire.
RépondreSupprimerProust non il n'y a pas de ressemblance et seul Quignard a cette justesse immédiate des mots qui terrasse et amuit .
bonsoir monsieur et merci infiniment pour cette visite du soir qui fut fort agréable.
Bonsoir Anonyme et merci pour votre enthousiasme qui fait plaisir à voir ! Quignard/Izquierdo a bien de la chance d'avoir des lecteurs aussi ardents !
RépondreSupprimerAu plaisir de vous recroiser dans les environs,
Ab
dans la nuit, j'ai relu ce souvenir indécent qui me parle de quelqu'un d'autre qui ne veut pas que ce soit lui .
RépondreSupprimerrien à faire je persiste!
j'ai commandé "l'amour pur"
je vais écrire ce qui suit dans la joie de pouvoir écrire que: "je recevrai l'amour pur dans moins de huit jours" quelle belle certitude!
Agustina Izquierdo
RépondreSupprimerdonne dans le mélange de lettres:
Zeus
Atiio(Italie royaume de Naples)
et ....QUIGNARD
Hmmm, on dirait que vous tenez une piste, commissaire !
RépondreSupprimerGardez-moi bien informé des avancées de votre enquête.
AB
PS : Tout de même, je veux bien pour le reste, mais pardon : "Atiio" ne veut strictement rien dire...
et pan!
RépondreSupprimerles fouilles nocturnes sur les pages magiques
parlent d'Atiio (mais c'est dans de vieux manuscrits et j'ai cessé de lire vers une heure dans la nuit du matin d'aujourd'hui .)
le "commissaire" a trouvé au réveil dans "abîmes" une phrase clé de l'écrivain:
"qu'on n'oublie pas que je ne dis rien qui soit sur..."
Une autre pierre à votre construction : je viens de m'apercevoir que dans ma bibliothèque, les livres d'Agustina Izquierdo sont par un fumeux hasard rangés juste à côté de ceux du double et polymorphe Quignard...
RépondreSupprimerjournée de cuisine pour ne pas oublier que le corps appelle ceux qu'il appelle .
RépondreSupprimerjoie de vous retrouver; le bonheur des pauvres!
Polymorphe, quel beau prénom!
Il n'y est pour rien en y étant pour tout;il ne fallait pas qu'il écrive ce qu'il a écrit s'il voulait être seul,sans autre attache que sa chaise de toile sur les bords engourdis de l'yonne en été
sans doute vous ne répondrez pas, il n'y a pas à répondre .
RépondreSupprimermais je suis à la fenètre , je regarde le chemin qui poudroie .
la solitude du veuvage est terriblement sournoise
on ne veut plus personne d'autre que lui et on guette uncoup de fusil;c'est stupide ou "con" diraient les gens.
Je relis l'un de vos précédents messages et vous annonce une bonne et inquiétante nouvelle : si vous avez commencé avec tant d'enthousiasme par le Souvenir indécent, le coeur va franchement vous tachycarder à l'Amour pur...
RépondreSupprimerdemain "dès l'aube" j'irai à la librairie qui
RépondreSupprimerm'a prévenue : "l'amour pur vous atend " qui refusrait de se rendre à un tel rendez-vous?
je vous dirai les battements de mon coeur quand mes yeux auront lu .
ce soir est soir de veille.
avec mon amitié
M
je viens de voir que ce que je vous disais a été "publié"
RépondreSupprimerpardon pour le verbe attendre, j'ai oublié une de ses jambes .
pan pan pan et pan!
RépondreSupprimerj'ai le livre, la nuit est là.
juste un peu de temps avant de me livrer à l'amour pur .
le temps de lire une histoire aux enfants excités par la première soirée des vacances ...
juste le temps avant le temps de m'installer et de lire
Quelle excitation !
RépondreSupprimerJe voudrais être à votre place, je vous souhaite bonne lecture.
Ab
Non, le coeur ne me manque pas et je le regrette.
RépondreSupprimermais de lire des histoires d'ogres très gentils ou d'un loup sauvé par Marlaguette repousse l'heure de la lecture avec les conversations rares et privilégiées que je vole à la vie , quand enfin les enfants dorment et que Hortense et moi ,nous parlons .
je n'ai pas "achevé" encore l'amour pur où les traces recherchées me semblent moins évidentes.
"L'amour pur"a fermé son dos de carton .
RépondreSupprimerje le cherchais , il me semblait l'entendre derrière la trame rude d'une tente sur le chemin d'Emmaüs, il se taisait mais je l'entendais.
il essayait de se cacher, mais souvent je le reconnaissais .
et la dernière phrase ne peut être que de lui que déja j'ai lue dans un de ses livres:
"elle feignait de lire.
quand nous lisons,nous feignons toujours de lire"
pan pan et pan!
RépondreSupprimeril est trop court l'espace attribué pour dire ce que l'on veut dire .
vous m'avez fait défaut monsieur Bréa !
je pourrais vous raconter l'histoire de mes silences si des lignes plus vastes m'étaient prêtées.
Si" La vie matérielle" de Marguerite est une merveille
la nôtre est de basse condition
encore un "pan"
RépondreSupprimervous disiez: "la recherche du temps perdu ce serait lui ?"
j'ai dit non à cause de Proust , mais au fond, que recherche t'il à part le temps perdu qu'il appelle le Jadis?
pas moyen de vous joindre je suis èconduite ,dites
RépondreSupprimermoi franchement"casse toi pauvre c.... il serait plus èlègant de me l'ècrire.
en vous regrettant
Montaine Rouan
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RépondreSupprimerDésolé, c'est que je dois m'occuper un peu aussi des visiteurs de mes autres pages.
RépondreSupprimer(Je n'ai pas beaucoup de lecteurs, mais Dieu qu'ils sont exigeants !)
RépondreSupprimerlorsque je vais sur votre site à partir de mon ordinateur je suis sans arrêt éconduite ou non invitée à lire sur le blog.
RépondreSupprimer"ce serait tellement un plaisir de vous recroiser dans les environs"MR
quelques petits réglages sur le blog sont à l'origine du problème (mais c'est a priori maintenant résolu).
RépondreSupprimerJ'ai presque cru , que Polymorphe , c'était vous!
RépondreSupprimerque vous étiez marri d'avoir été démasqué .
je suis contente d'avoir droit à la crémone des ouvertures mais soyez rassuré je n'en ferai pas mauvais usage.
de nombreux livres m'attendent avec cette dernière phrase de l'amour pur que je suis sure d'avoir lue chez Polyquizquimorpherdoignard