25 septembre 2009
Ce qui se dit sous terre [4]
4. les Hamaad Zuur
non tu
les choses ne sont pas comme ça
l'ordre des choses
au sein de notre société
comme le positionnement des étoiles
la tradition justifie l'existence des clans
une faute
par exemple le statut particulier des waabal
amplement décrit dans la littérature
la tradition
une faute sur terre
lorsqu’un campement s’établit
en aval du campement
par rapport à la rivière
ou au-delà par rapport
aux vents dominants
les groupes de familles marginales se mettent à l’écart
(et en effet en cas d'attaque des esprits
si le vent mêlait nos odeurs)
les waabal
ils ne mangent pas avec nous
leur littérature extrêmement méprisée
une littérature versifiée
ce qu'ils consomment
au nord
une littérature dite mamuni (que l’on peut rendre par "petite poésie")
tout contact avec eux se limite
on les consulte la nuit si les vents dominants
si les trois lunes du ciel s'annulent par leur rencontre
on les consulte la nuit au coin du feu en tirant son voile près des yeux
ils ne sont pas obligés de t'adresser la parole
tu marches sur la pointe
tu mouilles tes os dans la rivière
quand elles veulent bien leurs femmes nous disent de fausses vérités
qu'elles lisent dans nos urines emmenées par le courant
ils ne mangent pas
ne crient pas
ne chient pas
parfois ils nous récitent
nous nous bouchons les oreilles
nous savons bien que nous ne pouvons croire
nous savons bien que nous ne pouvons plus mourir
+
les waadod eux sont détenteurs des points d’eau
chargés d’intervenir comme médiateurs
d’une part entre Allah qui règne ici et les guerriers
d’autre part entre les ombres des guerriers et les guerriers eux-mêmes
au cours de la guerre civile là-haut
les Hamaad Zuur se sont armés, ils ont financé leurs propres milices
ces milices se sont appelées Uuktaba Xoor ("Ceux qui jettent le Livre Saint")
ou Uukhuro Moog ("Ceux qui ignorent le Paradis")
et Dieu leur a donné raison
dans le nord ces guerriers
les Hamaad Zuur
un groupe particulier
ils pleurent de vivre séparés de leurs ombres
des ombres qui se glissent, qui les agressent en plein jour
en plein soleil
des ombres entrées en guerre, formées en bataillons
recrutées sous le sceau du Livre
elles se sont bien intégrées à ceux qui les ignorent
elles se sont bien intégrées aux esprits
qui les utilisent aux dates marquées dans le ciel
pour sentir et déceler un point d'eau waadod d'où puisse se faire une médiation
pour que l'ombre d'un Hamaad Zuur se raccroche à son enveloppe
que la lumière gonfle à nouveau le cou de l'ancien porteur
pour que l'ombre d'un couteau dans l'ombre d'une main
sacrifie sur ce cou au rite du mouton
(à suivre)
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